Typologie paysagère de la vallée de la Loire
LES VALS NIVERNAIS ET BERRICHON
Selon Roger Dion, c'est à Decize que la vallée de la Loire devient le Val de
Loire proprement dit.
C'est là en effet que le fleuve, après avoir terminé sa
traversée des granites du Massif Central, bute sur les tables calcaires de Sud
Loire (Wasson, Béthemont, 1996, 23), entre dans le Bassin parisien et
adopte un cours beaucoup plus tendu que celui de ses divagations
méandriques dans la Bourbonnaise. Mais Dion met en avant un faisceau
d'autres raisons dont la convergence rend compte de la transformation de
la vallée, et qu'il résume ainsi :
"Les changements qui transforment la géographie physique et humaine de
la vallée de la Loire à partir du moment où le fleuve franchit cette limite
géologique se résument dans cette différence capitale : en Bassin parisien, le
Val de Loire s'oppose de la manière la plus tranchée aux plateaux qui
l'environnent ; dans la dépression bourbonnaise au contraire, la tonalité
générale de la plaine alluviale se distingue mal de l'arrière-pays." (Dion,
1978, 40)
Dans ce Val, qui s'étendra jusqu'à Nantes, le fleuve traverse les calcaires du
Sud Loire sur une distance de moins de 140 kms, dans une vallée
relativement étroite par rapport à l'élargissement très caractéristique du
Val d'Orléans - Saint Benoît qui lui fera suite à travers les épandages
éluviaux de la Sologne. Entre temps elle aura reçu
l'Acolin, le Colâtre,
l'Izeure, la Nièvre, le Mazou, la Vauvise, le Nohain, la Vrille, la Cheuille
et surtout son "frère jumeau" l'Allier, doublant pratiquement de volume
coutumier, à plus de 200m3 par seconde, et oscillant entre une largeur de
plus de 1200m quand
des îles occupent son cours, et des retrécissements de
400 voire 300m.
De plus, elle est désormais longée de levées sur un linéaire
important de sa rive gauche,
notamment entre le Bec d'Allier et Cosne.
I. TOPOGRAPHIE ET MORPHOLOGIE DES PAYSAGES DES VALS
NIVERNAIS ET BERRICHON
La vallée présente une dissymétrie de versants très nette entre les coteaux
nivernais à l'Est, plus raides, et berrichons à l'Ouest, plus doux et éloignés
du fleuve sauf exception comme à Sancerre. Quant au fleuve, il suit le pied
des coteaux nivernais de très près et la plaine alluviale de la rive droite y
est des plus réduites. Rive gauche par contre, la plaine alluviale est
beaucoup plus large et ses limites se fondent dans les boisements des
coteaux berrichons. Toutes les villes sont situées sur les coteaux nivernais
qui, de ce fait, font souvent figure de rivage animé et attirant devant un
océan deverdure aux limites lointaines.
1. Les coteaux nivernais : des rivages fréquentés depuis l'Antiquité.
Autant la Loire bourbonnaise est secrète et délaissée par
rands courants de la circulation, autant le Val est marqué par les échanges :
"Par les deux branches de son grand coude d'Orléans, la Loire moyenne est
en effet destinée par nature à capter les courants de circulation qui, du Sud-
Est et du Sud-Ouest, convergent vers Paris." (Dion, 1978, 40)
Les villes se multiplient, notamment aux franchissements du fleuve, et
souvent aux confluences.
Nevers, La Charité, Cosne, auxquelles il faut
ajouter
Imphy, Fourchambault, Pouilly, voire Mesves et La Marche,
présentent chacune pour leur part un intérêt historique, économique,
pittoresque ou artistique qui en justifient la notoriété et l'attrait, et qui sont
autant d'accès à la vallée et au fleuve.
Nevers, Ville d'Art et d'Histoire, a joué et joue encore un rôle
prépondérant dans l'animation du Val, à égale distance entre Dijon,
Melun, Orléans et Clermont-Ferrand et bientôt reliée à la capitale par l'A77
et l'A5 et plus tard à la Route Centre Europe Atlantique par Moulins. En
termes
d'activités, outre un secteur primaire marqué par de grandes exploitations
très morcelées à élevage dominant, elle maintient la vocation d'industrie
lourde de son bassin, dont la population active représente 42% de celle de
la Nièvre. La sidérurgie, la construction mécanique, l'électronique et le
caoutchouc vont de pair avec des services de transports lourds. Cependant
c'est son pôle tertiaire qui représente les trois-quarts des emplois de son
agglomération, compensant ainsi la diminution de l'emploi industriel. Le
tourisme est une valeur ajoutée, mais il a quelque chose de trop réservé,
presque de confidentiel. Le contournement de la ville par l'A77 devrait
contribuer, directement ou indirectement, à la mise en scène de paysages
qui permettraient à la ville de
manifester sa monumentalité historique.
Le nom de
La Charité est lié aux monuments d'une architecture admirable,
à l'histoire de la batellerie et aux majestueux paysages ligériens qu'elle
donne à admirer, surtout à partir du coteau qui domine le fleuve.
Grand
Site Culturel,
La Charité ambitionne le label de Cité d'Histoire Européenne.
Les atouts d'une telle ambition sont nombreux et peuvent justifier de faire
de la ville un centre de promotion touristique des environs,
Pouilly,
Sancerre, Guérigny, etc...
Ils peuvent également être développés sur un
autre registre que celui des monuments historiques : celui d'un tourisme
proche des monuments naturels et des paysages ligériens.
"Bâtie en surplomb sur la Loire, La Charité engendre un rapport simple,
direct et dégagé avec le bord de l'eau. En effet, un quai bas descend dans une
prairie entretenue et nous incite à un contact avec la Loire. Ce site de
qualité, en contrebas de la ville, serait à découvir... (Hubert et al., 1994, 79).
Plus encore que Nevers, La Charité présente un modèle achevé de grand
port ligérien. Sa façade sur le fleuve présente en effet l'enchaînement de
motifs classiques :
le pont qui relie les deux rives en franchissant l'île du
Faubourg,
les quais et la façade urbaine qui le longe, puis, dans le
prolongement du pont et de la
route qui y conduit, la grande rue, le long de
laquelle s'organise le centre urbain avec sa
place et les grands motifs de la
vie collective, regroupés autour de l'abbatiale Notre-Dame. Les quartiers
d'habitat entourent cet ensemble monumental et les bâtiments utilitaires
sont localisés en retrait, vers l'arrière pays.
Dans cet ensemble, l'intérêt de son très beau pont du XVI° reste aussi grand
que par le passé. Il permet l'accès au lit mineur du fleuve et à sa Réserve
Naturelle ; l'accès au canal latéral de la Loire et à ses possibles visites
thématiques ; plus largement, le renforcement de l'axe VEZELAY - LA
CHARITE - BOURGES, par la RN 151, axe historique sur le Chemin de
Saint-Jacques. Ces atouts incitent à rechercher les moyens de pallier le fait
que la ville, du fait de son contournement, n'est plus un passage obligé
mais l'objet de choix délibérés.
Cosne a assis sa célébrité au XVIII° siècle sur l'essor de ses forges et de ses
manufactures de fusils et d'ancres de marine. Cette activité était rendue
possible par la proximité des gisements et des boisements du Nivernais,
qui alimentaient les ateliers. Le port sur la Loire permettait ensuite un
acheminement économique jusqu'à l'océan Atlantique. L'activité cessa en
1971, Cosne ayant ouvert la voie aux établissements de
Fourchambault,
Imphy, La Machine
et Decize, qui développèrent une forge moderne à
partir du XIX° siècle. Ce n'est pourtant pas autour du thème des forges que
s'organise le musée de la ville. Il est consacré à la batellerie et aux activités
de pêche et de commerce liées à la Loire. L'habitat "fluvial", trop méconnu,
qui longe le fleuve, témoigne lui aussi de cette activité.
Le Val est également marqué par deux des vignobles réputés qui sont
indissociables de l'image de la Loire : ceux de
Sancerre et de Pouilly.
Installés à proximité immédiate du fleuve, ils témoigent bien de la
prospérité qui fut largement due à la batellerie dans les pays du Val. C'est
elle en effet qui a joué le rôle prépondérant dans la mise en place et le
développement de ces vignobles, car c'est elle qui pendant des siècles en
rendit possible la commercialisation et la réputation. Le vigneron, rappelle
Dion (1978, 622) attachait une telle importance au voisinage du fleuve qu'il
cherchait à disposer d'une cave ouvrant directement sur lui.
Quant aux autres formes du bâti, elles se regroupent sur les terrasses et les
îles
insubmersibles de la plaine alluviale, selon le modèle ligérien
classique. On remarque la tendance récente à l'urbanisation en doigt de
gant le long des routes. Le phénomène est à combattre, dans la mesure où il
contredit le modèle classique d'orientation perpendiculaire au fleuve de
l'habitat traditionnel, et surtout s'il se développe dans l'espace situé entre
la route et le fleuve, obstruant ainsi les horizons du fleuve et provoquant
souvent un mitage des coteaux comme c'est le cas sur le coteau de
Marzy et
pourrait l'être sur les autres si l'on n'y prend garde.
Les vallons affluents sont nombreux et constituent, eux aussi des motifs
précieux.
Ce sont en effet, à partir des pays environnants, les voies d'accès
privilégiées à la grande plaine et au fleuve
. Ce sont autant de corridors qui
relient les
saltus forestiers de l'arrière-pays au saltus fluvial, fréquentés
non seulement par l'homme mais aussi par la faune et la flore ligériennes.
Ils méritent de rester intouchés par une urbanisation qui interromprait
cette continuité tant bioécologique que paysagère, on en verra des exemples
avec
le Nohain sur Cosne et le Mazou sur Mesves.
2. Le Val berrichon : les premières levées continues et les enjeux en cours.
A l'inverse de la rive droite, la rive gauche se développe en une plaine
cultivée qui oscille entre 1 et 2 kms de largeur, très ponctuellement 3.
L'habitat y est raréfié, surtout par rapport à la rive droite, et se tient la
plupart du temps à l'abri derrière le canal latéral.
Elle est surtout longée, pour la première fois, par
une série de levées. Elles
figurent parmi les plus récentes du Val, puisque la majorité d'entre elles
sont postérieures à 1750. Le linéaire quasi ininterrompu le plus important,
les levées Napoléon et d'Espagne, se localise
entre le Bec d'Allier et Cosne
et aurait pu se prolonger jusqu'à Saint-Thibault si une partie des riverains
ne s'y étaient opposés (Dion, 1961, 13) afin de ne pas perdre le bénéfice des
crues.
Il s'agit là d'un événement majeur tellement il est caractéristique du Val et
tellement les enjeux liés à ces constructions, qui s'étendent sur 700 kms de
longueur, sont d'importance à tous points de vue. Les levées de Loire sont,
pour certains, des monuments de culture qui méritent d'être protégées,
voire classées ; elles sont pour d'autres les résultats d'une entreprise
pharaonique sans doute motivée par le commerce aux temps de la
batellerie mais désormais périmée, et pire, dangereuse parce que faisant
illusion sur la capacité des levées à protéger les riverains des crues
centenales extraordinaires auxquelles elle demeure toujours exposée
(Béthemont, 1996 : 35). Quoiqu'il en soit de ces points de vue et d'autres, les
levées apparaissent aujourd'hui comme
un héritage dont l'entretien, voire
la restauration, s'impose,
non pas tant forcément pour sa valeur
monumentale et/ou paysagère (la valeur paysagère du Val serait autre et
peut-être plus grande - qui sait? - sans les levées), mais eu égard aux
conséquences catastrophiques qui s'en suivraient pour le Val entier si on
renonçait à les entretenir.

3. Le fleuve : une Loire beaucoup plus proche
A partir de Decize, le fleuve semble s'être brusquement rapproché du
monde habité. Alors qu'en Bourbonnaise il se tenait à distance et caché au
coeur de son immense domaine naturel, il vient désormais longer le
domaine des hommes et se donne à voir beaucoup plus fréquemment.
Tout se passe comme s'il profitait des hauteurs qui le dominent désormais
en maints endroits, surtout sur le coteau nivernais, pour se montrer :
“Le fleuve changeant, ses grèves blondes, ses îles, ses verdiaux, dégagent
une poésie intense que l’on peut apprécier au gré d’une descente en canoë-kayak
ou de promenades en bateau. Les belles vues sur le fleuve royal ne
manquent pas : à Decize à l’extrémité de la promenade des Halles, à Nevers
au sud du pont de Loire ou au panorama de la montée des Princes, le long
de la route des Saulaies et au Bec d’Allier, à Fourchambault, à la Charité
(belle plage, île du Faubourg et pont), au nord de Pouilly (vignoble
dominant la Loire, à Cosne (jardin Sévigné près des anciennes forges
royales de la Chaussade), ou encore depuis le belvédère de Sancerre, dans le
Cher.”(Guide bleu Bourgogne, 1994, 539)
Le Guide bleu ne mentionne ici que les principaux sites nivernais d'où il
est possible de découvrir le cours du fleuve. Il convient de leur ajouter
celui de
Sancerre, pour le moins, qui ménage les vues sans doute les plus
saisissantes sur l'ensemble de la plaine, au milieu de laquelle les percées de
l'eau miroitante attirent invinciblement le regard.
La proximité du fleuve mérite cependant d'être nuancée par une seconde
observation : la densité de son environnement végétal, surtout sur la
séquence qui relie le Bec d'Allier à Cosne. La masse boisée qui l'enserre de
toutes parts est en effet très étendue et dense, on peut s'en rendre compte à
partir du belvédère de Sancerre. Elle donne une impression de vigueur
telle qu'elle semble vouloir envahir la plaine et le fleuve lui même, au
point de l'emprisonner et de s'opposer à son accès, sauf aux endroits où
son lit a été très réduit, sur Fourchambault et la Charité par exemple. Cette
impression d'envahissement est encore plus forte, s'il est possible,
lorsqu'on y descend pour le longer ou le naviguer. Les arbres le cernent de
toutes parts d'un mur végétal élevé et très régulier qui dessine un horizon
tout proche et dégage des ambiances plutôt intimistes qui n'ont plus rien à
voir avec ses grandes exubérances et ses grandes échappées lumineuses
quand elle était en liberté dans le Bourbonnais. En fait c'est une autre
Loire, plus large sans doute après le Bec d'Allier, qui double pratiquement
son volume, impressionnante sans doute mais aussi moins surprenante,
moins fantasque, moins totalement dépaysante.

II. LES CARACTÈRES DES PAYSAGES DES VALS NIVERNAIS ET
BERRICHON
1. La poésie de la Loire des peintres et des poètes
C'est ici, entre Nièvre et Berry, que l'"intense poésie" du fleuve, selon la
formule du Guide bleu, est relevée pour la première fois dans une étude de
paysage, due à Hubert, Legros et Rouzet,
Analyse et schéma d'intentions
paysagères sur le Val de Loire (1994, 8)
, au chapitre sur La Loire des
peintres.
Le fait mérite d'être relevé. D'autant plus que la Loire a toujours
été considérée comme difficile à peindre. Difficulté attribuée par un auteur
tel que René Bazin aux trop vastes dimensions de la vallée et à sa lumière,
"fine, voilée, que ne relève aucune ombre forte, aucun contraste". (Bazin,
1986 ).
Il est vrai que, dans la vallée de la Seine par exemple, les peintres
ont toujours pu trouver des points de vue leur permettant d'en embrasser
la totalité, de coteau à coteau, de façon à représenter le fleuve dans son
cadre, on pourrait dire dans son modèle naturel complet. Or les
dimensions de la Loire sont telles que ce type de cadrage y est quasi
impossible, exception faite - et les peintres et graveurs en ont largement
profité depuis très longtemps - des ponts, des quais et des fronts urbains de
ses villes-ponts, motifs très tôt et très souvent représentés.
L'étude évoque deux artistes peintres,
Kolsek et Verdenet, et un amateur,
Boller. Tous trois se sont attachés à peindre le fleuve pour lui-même,
comme l'a fait Debré en Touraine. Les résultats sont cependant très
différents, et symboliques par là de la difficulté à peindre la poésie de la
Loire. Pour le premier, l'eau
"est un espace à part entière, synonyme
d'évasion et de magie. La magie de voir un fleuve bouleversé par les crues
qui constituent un motif que Kolsek aime à peindre. Elles donnent une
vision renouvelée du fleuve, un caractère authentique et féérique."
Pour
Verdenet au contraire, c'est pratiquement un constat d'échec:
"En effet, à
partir du moment où l'image du fleuve est modernisée, que les
traditionnelles nuances et les détails font place à une initiative plus
abstraite, alors ce n'est plus le fleuve que tout le monde connaît... Ce n'est
plus la Loire, c'est de la peinture. D'ailleurs, la Loire est plus photogénique
que picturale."
Quant à Boller, "il saisit le fleuve par tous les temps.
L'intérêt qu'il lui porte est lié à sa capacité de métamorphose. A chaque
saison la Loire revêt un nouveau visage, à chaque occasion elle change de
couleur et ces dernières définissent son caractère et ses états d'âme."
(Hubert al, 1994, 7-8).
Au-delà de la réussite ou de l'échec de ces peintres, on retiendra en premier
lieu la reconnaissance, par Verdenet, de l'apport de la photographie à la
représentation de la Loire. Sans doute à cause de la capacité de l'objectif à
saisir l'ampleur de la vallée, à l'aide de ses grands angles, sans renoncer
pour autant à la précision de ses motifs uniques et originaux, l'eau, les
sables et les verdiaux.

Mais on retiendra surtout l'intérêt de ces artistes pour les capacités de
métamorphoses du fleuve.
Il y a là en effet un thème majeur, sinon le
thème poétique majeur de la Loire.
Ce thème court en effet dans toute la
peinture, on en verra d'autres exemples avec Turner, Delacroix ou Debré.
Mais il est aussi omniprésent dans toute la littérature qui a célébré la Loire
depuis des siècles. Hubert, Legros et Rouzet en rendent d'ailleurs compte
dans un autre chapitre
La Loire des poêtes (1994, 9). Pour mesurer cette
capacité, il suffit de parcourir le nuancier des couleurs et des humeurs dont
la Loire n'a cessé de se parer aux yeux des uns et des autres :
"Baudelaire parle de la 'verte Loire'. René Boylesve affirme : 'le vert n'est
pas la couleur de vos domaines. Vous êtes blonde, charrieuse de sable.'.
Jules Lemaître voit 'la Loire étalée et bleue comme un lac'. Hubert-Fillay
parle du 'lit d'or des grèves'. Paul Fort s'appesantit sur 'le beau fleuve au
lent flot jaune'. Un poète, Pierre Trahard, concilie les choses :
'La Loire , toujours elle : or, pourpre, argent, émail...'
Sous le regard de Belleau, la Loire est tantôt glorieuse :
'Au ciel du sang. Le fleuve éperdument flamboie',
tantôt triste :
'Ta tristesse est si vaste et ton flot si pesant d'amertume
Et ton cours si pareil au granit qui couvre les tombeaux
O Loire que je sens en mon coeur se glacer ton écume,'
tantôt calme :
'La campagne s'endort, apaisée et bénie,
La Loire mollement s'enchante en ses détours'
tantôt irritée :
'Du ciel gris de fer jusqu'à la gloire glauque,
Leur aile incurvée ouvrant des brouillards lourds."
Pourquoi tant de métaphores dans la description de ce fleuve?...
Pourquoi tant de métaphores sinon parce que la Loire, fleuve changeant
par excellence et lieu de métamorphoses constantes, ne peut être contenue
et signifiée par aucune d'entre elles mais en exige plusieurs et plus que
plusieurs? Le décompte en a été tenté par Sophie Bonin dans son ouvrage
La place du fleuve dans les paysages ligériens (1996 : 28). Elle en dénombre
plus de vingt dont treize féminines. Gageons qu'on en trouverait d'autres
encore.
2. La Reine des métamorphoses
Ce qu'il importe de saisir du point de vue des paysages ligériens, c'est que
les métaphores qui s'efforcent de rendre compte des métamorphoses de la
Loire, quel qu'en soit le nombre, ne sont pas de pures figures de style sans
rapport avec la réalité. Elles s'enracinent au contraire dans la réalité la plus
physique, la plus matérielle, de la Loire : celle des mille et une formes que
peuvent prendre ses eaux tout au long de son parcours, et en un même
lieu, tout au long de l'année comme du matin au soir.
Toutes les formes des eaux courantes et des eaux stagnantes, la Loire est en
effet capable de les prendre au gré des saisons et des climats. Elle est tantôt
fleuve, tantôt rivière ou riviérette, tantôt simple ruisseau ou mince filet
d'eau au coeur des canicules estivales. Mais elle prend aussi, dans son
immense domaine, les formes du calme et de la tranquillité : ses bras
anciens, ses boires et ses mares, la diversité de ses milieux humides, toutes
ces formes ont leurs dimensions, leur originalité, leurs noms propres et
deviennent ainsi autant de motifs d'intérêt de ses paysages. Dernières
formes enfin, qui sont pour un Kolsek de vrais motifs, celles de ses crues si
impressionnantes, parfois terrifiantes, bien qu'elles n'aient jamais
découragé ses riverains de continuer de la fréquenter et de la célébrer.
Or, de tous les motifs d'intérêt de nos paysages, ceux de l'eau sont les seuls,
avec les météores, dont ils proviennent, à être
doués du mouvement. C'est
ce qui redouble leur grande valeur paysagère par rapport aux autres. La
Loire est comme
une encyclopédie de ces formes vivantes. Reine en son
royaume, elle est reine des métamorphoses de l'eau, et c'est là au premier
chef qu'il faut chercher sa valeur poétique et paysagère.
Tant que ces
métamorphoses seront préservées, favorisées, voire retrouvées, alors elle
conservera l'essentiel de sa valeur paysagère unique.
Ce disant, nous ne pouvons que rejoindre les conclusions de J. Béthemont,
lorsqu'il s'interroge sur
l'émergence d'une entité ligérienne qui prenne
aujourd'hui le relais de celle qu'unifia par le passé une batellerie
désormais révolue :
"Mais quel relais notre époque pourrait-elle inventer? La gestion de la
ressource en eau à l'échelle du bassin n'est pas réellement motivante, quels
que soient les efforts de l'EPALA dans ce domaine. C'est pourtant en
fonction de l'eau que se posent un grand nombre de problèmes mais les
conflits et les concurrences autour de la ressource sont plus évidents que
les solidarités. Ce phénomène n'est pas spécifiquement ligérien et on le
retrouverait sur d'autres fleuves, mais il atteint ici une intensité qui ne
peut aller qu'en s'affirmant en raison de la spécificité de la Loire qui
appelle de toute évidence une gestion intégrée qu'imposent
l'irrégularité
des débits, les risques inhérents à cette irrégularité et la nécessité de
préserver les valeurs paysagères, patrimoniales et environnementales.
Des
traits spécifiques, des aléas et des chances qui plaident en faveur de
l'émergence d'une entité ligérienne." (Béthemont, 1996 : 41)
Le Séminaire technique organisé au Musée des Sciences naturelles
d'Orléans les 12 et 13 mars 1997 a salué la rencontre, pour la première fois
en Loire, de
deux cultures : celle des hydrauliciens et celle des naturalistes.
Elle fut une réussite dans la mesure où elle fit le point sur les
connaissances et définit les priorités des études à poursuivre (Baron, 1997 :
Introduction).
La culture paysagère ne peut que s'inscrire dans la même
dynamique
de recherche, d'expérimentation et de rencontres avec toutes
les cultures de l'eau, thème fédérateur incontournable autrefois désigné
d'un terme désormais tombé en désuétude,
l'aquosité, dont André
Guillerme a retracé les composantes fondamentales dans
Les temps de
l'eau (1997)
On a dit de la Loire qu'avec la disparition de la navigation elle était
devenue inutile et qu'on lui tournait le dos depuis plus d'un siècle. On
réalise aujourd'hui à quel point elle constitue, avec son extraordinaire
volume d'eaux courantes,
une richesse aux multiples facettes, dont la seule
question est de savoir profiter des bienfaits, en quantité comme en qualité.
Elle est un patrimoine naturel incomparable, très symbolique du
retournement que notre siècle a vu se produire dans notre relation à la
Nature :
non plus une mine indéfiniment exploitable, mais un patrimoine
à protéger et à mettre en valeur.
Comment dès lors continuer de parler de
la
Belle inutile?...
III. LA LISIBILITÉ DES PAYSAGES DES VALS NIVERNAIS ET
BERRICHON
La Loire bridée
La proximité de la Loire dans le Val nivernais et berrichon ne signifie pas
pour autant une lisibilité accrue et une accessibilité plus aisée. La lisibilité,
on l'a vu, est souvent remise en question par l'importance de la végétation
qui s'est installée dans le lit endigué du fleuve. Et c'est cette végétation,
jointe sans doute à un moindre entretien des chemins et des sentiers, qui
maintient le fleuve dans un fréquent éloignement,
"car l'accès ardu du
bord de l'eau ne se prête pas à la promenade"
(Hubert et al., 1994 : 17)
L'étude du Val berrichon, surtout entre le Bec d'Allier et Cosne, permet de
comprendre cet encombrement du lit endigué qui se poursuivra tout au
long de la Loire moyenne. Par rapport à l'espace de liberté dont elle
disposait en Bourbonnais, l'effet de couloir dû à l'endiguement y est net et
c'est surtout lui qui est à l'origine des ambiances plus fermées décrites plus
haut.
Les ingénieurs hydrauliciens ont modélisé les effets dus à la création du
chenal et à la très importante exploitation du lit par les gravières dans les
dernières décennies. Le modèle explique comment l'enfoncement du lit du
fleuve provoqué par ces deux types d'exploitation successifs a provoqué le
colmatage et la végétalisation si frappante du lit endigué qui affaiblissent sa
lisibilité :
"Le lit endigué se trouve moins sollicité par les crues de faible
période de retour. La végétalisation croît à l'abri de ces crues et provoque le
dépôt des sédiments qu'elles apportent : le lit s'exhausse peu à peu et se
couvre progressivement d'une végétation herborée (herbacée? NDLR),
puis arbustive et ligneuse, qui le rend de plus en plus "rugueux" vis-à-vis
des écoulements, particulièrement lors des crues. Moins fréquemment
inondée, la végétation perd de sa richesse écologique et se banalise. Les bras
morts s'assèchent et se ferment. L'ensemble de l'écosystème évolue vers
un appauvrissement." (Bachoc, 1996 : 78)
Colmatage des formes de l'eau si attractives du lit mineur et végétalisation
: si l'ensemble de l'écosystème évolue ainsi vers un appauvrissement, il en
va de même des paysages
qui se figent dans quelques modèles répétitifs
dont témoignent les photographies prises à divers endroits. Dès lors
tous
les travaux d'entretien
visant à remettre en forme et éventuellement en
eau les bras morts, les boires, les chenaux secondaires et le lit vif lui-même
ne peuvent qu'être bienvenus aux yeux du paysagiste,
à condition qu'ils
soient effectués avec discernement, notamment dans les cas ou des choix
sont possibles
. La conservation d'arbres morts, par exemple, peut être plus
intéressante à certains endroits qu'à d'autres.
A côté des travaux d'entretien se pose également
la question de la
restauration
du lit, dans la mesure où il se trouve aussi encombré par des
ouvrages de navigation qui ont désormais perdu leur utilité et forment
d'autres obstacles au libre écoulement des crues :
"Les ouvrages de navigation, éléments importants du patrimoine et
vestiges d'une ère d'aménagement fluvial révolue, nécessitent un
entretien particulier et parfois des modifications de fonctionnement
hydraulique. On évite ainsi qu'ils freinent les crues, après avoir favorisé le
développement d'une végétation qui peut, par ailleurs, constituer un
paysage apprécié, particulièrement dans les villes. A Fourchambault -
Cours-les-Barres, la Charité et Ousson - Châtillon.... la DIREN a engagé des
études (avec modélisation bidimensionnelle) pour préciser les travaux de
modifications petinents et leur impact à moyen terme sur la propagation
des crues, la ligne d'eau à l'étiage et les milieux naturels influencés."
(Bachoc, 1996 : 78)
Les ouvrages de la navigation, duits et épis notamment, contribuent en
effet, par la végétalisation qui les a envahis depuis l'abandon de la
batellerie, au refermement des paysages du lit endigué (sans compter
l'accroissement de sa "rugosité"). Et l'on peut se demander si cette
végétalisation, qui, comme le remarque Bachoc,
"peut constituer un
paysage apprécié, particulièrement dans les villes"
est bien conforme, en
fait, à l'esprit du lieu. Historiquement en effet, elle est un contresens dans
la mesure où, du temps de la batellerie, les arbres étaient bannis du lit
endigué et les prairies maintenues ouvertes et "lisses" par le pâturage. Du
point de vue naturaliste, elle l'est également dans la mesure où les
ouvrages qui la supportent sont entièrement artificiels et n'ont pas leur
place dans le lit.
C'est pourquoi, en ce qui concerne la sensibilité paysagère contemporaine
et notamment urbaine évoquée par Bachoc, on peut réellement se
demander s'il n'y aurait pas lieu de la faire évoluer, avec des moyens
appropriés, vers
l'acceptation, dans le lit endigué du fleuve, de paysages
boisés que l'on pourrait nommer, si l'on peut risquer la comparaison avec
la futaie jardinée des forestiers, des "paysages jardinés"?
Ce sont en effet des
paysages soigneusement entretenus qui ont été développés dans le lit
endigué du fleuve par la batellerie pendant des siècles. Si donc nous
acceptons l'héritage de la batellerie sous la forme des levées, ne serait-il pas
logique que nous acceptions en même temps les paysages qui vont avec cet
héritage?
C'est un fait acquis que la sensibilité contemporaine, surtout urbaine, est
très sensible à tout ce qui touche à l'arbre, souvent pris comme le symbole
même du paysage. Il ne faudrait cependant pas que cette sensibilité tourne à
un engouement aveugle pour tout boisement, quelqu'il soit. On verra que
dans le Val, une telle conception des choses a pu se faire jour à propos de ce
qui n'est que mauvaises friches. Dans le Val blésois par exemple, de telles
friches se sont développées depuis le bébut du siècle entre la Loire et le
magnifique domaine de Chambord. Leur remplacement par un vignoble,
pour prendre un exemple conforme à l'esprit de ces lieux jadis occupés par
un vignoble de plusieurs milliers d'hectares, restaurerait le caractère
monumental historique de l'approche du domaine royal à partir du Val.
IV. LA PROTECTION ET LA MISE EN VALEUR DES PAYSAGES DES
VALS NIVERNAIS ET BERRICHON
1. Les travaux de restauration et d'entretien du lit endigué
Le Guide méthodologique d'Entretien du lit de la Loire (2° Partie) dû à
MM. Bacchi et Berton (1997?) a modélisé les principaux types
d'intervention à mener dans le lit de la Loire en fonction des milieux qui
le composent :
le lit vif, les chenaux secondaires, les bras morts, les boires,
les ouvrages de navigation et les îles.
Les modèles rendant
schématiquement compte de ces milieux présentent l'intérêt de reprendre,
pour chaque milieu, les problèmes posés par chaque type de végétal ou de
groupement végétal que l'on peut y rencontrer :
- les arbres morts
- les gros arbres à système racinaire traçant
- les ensembles végétaux eN fonction des tailles, des âges et des espèces
- les encombres
- la végétation pionnière herbacée
- la végétation pionnière arbustive
Si cette typologie renvoie, pour le naturaliste, à des modèles
écosystémiques spécifiques, elle renvoie, pour le paysagiste, à autant de
modèles qui ne peuvent manquer de solliciter son intérêt et son attention.
Ils sont attractifs en eux-mêmes et, de surcroît, ils ont une incidence directe
sur le paysage environnant
. C'est ce qui avait été relevé dès 1993 par Alain
Freytet, paysagiste-conseil à la DDE de la Nièvre, dans son
Avis concernant
les interventions prévues sur le périmètre de la Réserve naturelle de la
Charité-sur-Loire :
"Ces motifs s'enchaînent et se combinent en respectant certains jeux et
effets :
- les effets de profondeur et de continuité,
- loes effets de silhouettes et de plans successifs,
- les effets de lisières, nettes ou progressives,
- le sens du courant par les motifs laissés sur le sable et la physionomie
générale des grèves et des îles,
- les rythmes propres à la Loire,
- la mise en scène d'un motif bâti implanté sur les bords de Loire, etc...
(Freytet, 1993 : 1)
C'est sur ces bases qu'a pu être définie la participation du paysagiste
Stéphane Bertin aux travaux de
l'équipe pluridisciplinaire de suivi d'un
des Chantiers expérimentaux
de restauration du lit de la Loire lancés en
1994, celui de
La Charité - Saint-Satur, afin de rechercher une pratique
d'intervention pour ces travaux et de la confronter aux réalités physiques
des sites. Les principaux types de travaux de restauration et d'entretien du
lit endigué étaient les suivants
(Berton, 1995 : 3 -5):
- suppression de la végétalisation pionnière de bancs de sable ou de boires
(éventuellement déplacement de sédiments maintenus dans le lit) ,
- dévégétalisation sur et entre les épis (éventuellement déplacement de
sédiments maintenus dans le lit),
- entretien général de la végétation des grands boisements de la forêt
alluviale (ripisylve des îles et des berges) en vue de limiter les embâcles
- restauration des boires dans leur fonction de frayères, restauration des
habitats en général,
Le consensus de l'équipe pluridisciplinaire étant acquis sur l'insuffisance
des connaissances actuelles, la nécessité d'échanges entre les différents
spécialistes travaillant sur la Loire et sur d'autres cours d'eau, et la
mobilisation des énergies pour organiser une coordination générale des
actions, le chantier mit l'accent sur :
- la nécessité de respecter l'élément naturel,
- la prudence quant à la pérennité des aménagements notamment
paysagers.
De ce point de vue, le Guide méthodologique d'entretien précité présente
une souplesse qui permet une réelle marge de choix dans le traitement des
différents motifs végétaux en fonction de l'impact non seulement
écosystémique mais paysager. Il incite notamment à se garder de toute
intervention trop systématique et répétitive dans le temps, les conditions
locales pouvant évoluer sur plusieurs années. Une telle attention au cas
particuliers que représentent chaque milieu et, dans chaque milieu, chaque
motif traité, ne peut que favoriser la pratique paysagère à mettre en oeuvre
sur ces chantiers.
A partir de là,
le cahier des charges du paysagiste comprenait, à titre non
exhaustif :
1 - La reconnaissance de terrain et la prise de connaissance du projet,
notamment le cahier des charges de l'entreprise retenue pour les premiers
travaux ainsi que les modifications apportées au cours des réunions
préparatoires.
2 - Les réunions de chantier, comprenant l'appréciation des travaux
précédemment effectués et :
- la désignation des arbres isolés et/ou des bosquets d'arbres à conserver
dans la mesure où leur présence favorise la perception d'une profondeur,
un jeu de plans successifs ou la diversité plastique d'une berge,
- le repérage des ordures et des "monstres" (carcasses de voiture, canapés,
réfrigérateurs, ferrailles, etc...) à évacuer en dehors du site,
- le type d'intervention à entreprendre sur un arbre que l'on souhaite
mettre en valeur (émondage, élagage, sélection d'un ou plusieurs troncs..),
- l'ouverture des accès des engins et les conditions de leur remise en état
après le chantier,
- la désignation des ouvrages construits liés à la Loire à conserver (duits,
quais, descentes, restes d'épis...) et éventuellement les conditions de leur
restauration pouvant faire l'objet de travaux ultérieurs,
- la mise en forme des modelés de sable en déblais et en remblais en
cherchant la meilleure adéquation entre le bon écoulement des eaux et la
création d'un relief possédant une vraisemblance naturelle.
- la localisation des feux,
- l'abattage de certains arbres morts dont la silhouette, auprès des lieux
fréquentés, ne donne pas une image valorisante au site.
3- La mission photographique du déroulement des travaux avec des vues
diapositives avant, pendant et après les travaux, dont certaines prises
systématiquement du même emplacement et avec la même focale. Ces
prises de vues seront commentées et datées.
4- Les fiches de synthèse décrivant et illustrant les différents types de
travaux effectués pendant le chantier. Ces fiches afficheront des coupes au
1/200° du terrain avant et après intervention, décriront la nature et les
motivations des interventions, les outils utilisés, le temps et les
qualifications demandés.
5- Le suivi cartographique de l'évolution du chantier, permettant de
localiser et d'identifier les différentes interventions, à partir de missions
aériennes existantes ou à effectuer sur le secteur concerné.
2. La prairie arborée : un modèle de paysagement pour les îles de Loire
Dans le Guide méthodologique d'Entretien du lit de la Loire (2° Partie), les
îles font l'objet d'un volet particulier d'entretien,
au vu des dynamiques de
sédimentation-érosion et de peuplement végétal auxquelles elles donnent
lieu. Il s'agit de maîtriser ces dynamiques, et, dans le cas de la végétation,
souvent dépérissante et dégarnie au centre de l'île, les suppressions seront
en général plus drastiques que sur les rives du fleuve, surtout en tête d'île.
En fait, il ressort de ces nécessités que le modèle idéal de l'île ligérienne
serait celui d'une végétation basse, qui n'exclurait dailleurs pas quelques
grands arbres. Il serait assurée de façon efficace par le pâturage extensif,
comme ce fut le cas au temps de la batellerie. Ce modèle correpond à un
modèle de paysage des plus classiques, celui de
la prairie arborée, et on peut
voir dans ce modèle une illustration de ces paysages jardinés qui nous
semblent devoir être restaurés en Loire dans la logique de l'héritage
représenté par les levées et autres ouvrages de navigation. Dans cette ligne,
l'exemple d'aménagement qui a été proposé pour l'île de Nevers devrait
être pris en considération, car illustre bien l'esprit dans lequel il
conviendrait de travailler, surout dans une traversée urbaine.
3. Retrouver les chemins de la Loire
La participation d'un paysagiste aux travaux d'entretien et de restauration
du lit endigué trouve une grande partie de son intérêt dans l'accroissement
de lisibilité des paysages fluviaux à partir du Val lui-même. Comme le
souligne le rapport de Freytet à la fin du chantier expérimental de La
Charité - Saint-Satur,
"de nouveaux points de vue sont apparus favorisant
la perception d'une profondeur, de cadrages et de plans successifs. Certains
motifs propres à la Loire ont été mis en scène : arbres isolés, îles, grèves
sableuses... Les paysage de Loire ont gagné en lisibilité" (1994, 2 : 1)
L'étude paysagère d'Hubert, Legros et Rouzet, orientée à la parcourabilité et
à la lisibilité du Val et du fleuve, ramène constamment à ces travaux, car ce
sont eux seuls qui peuvent faire aboutir cette lisibilité et à cette
parcourabilité. En effet on verrait mal l'intérêt de faciliter l'accès au lit
endigué dans le Val si c'était pour buter
in fine sur un mur dense de
végétation rendant sa pénétration dissuasive, comme c'est généralement le
cas (Hubert et al., 1994, 72).
Les recommandations relatives à la création d'itinéraires de découverte du
fleuve font l'essentiel de cette étude, qui rejoint ainsi les préoccupations de
toutes les autres.
Tous les modèles d'itinéraires y sont utilisés avec
ingéniosité pour inciter à cette découverte,
parce que fleuve est "un fleuve
que l'on ne voit pas", "l'image du fleuve échappe aux hommes", "il faut
réactiver les motifs et retisser les liens entre le rivage les sites et les pays",
et
c'est pourquoi
"des points d'ancrage seront mis en évidence le long du
fleuve pour les différentes qualités de relation qu'ils entretiennent avec la
Loire" (Hubert et al., 1994 : 72).
A Neuvy, il s'agit d'une gravière à réhabiliter, pour accessibilité, en
repensant le site, en recomposant la forme des bassins, en mettant en place
une structure végétale appropriée et en reprenant les chemins
d'exploitation. A partir de
Léré, c'est un parcours d'initiation aux paysages
qu'il s'agira de mettre en place pour traverser le canal, longer le ruisseau,
passer la digue, pénétrer dans les verdiaux et accéder au fleuve. A
Myennes, il s'agira d'affirmer quelques chemins dans les verdiaux,
autrement impénétrables, et de maintenir pâturé l'espace entre levée et
fleuve. A
Cosne, ce seront le Nohain et ses abords, puis le quai de Loire, si
agréable avec son mail de tilleuls, qui retiendront l'attention, avec toutes
les recommandations afférentes à la délimitation précise des fronts urbains
existants ou prévisibles et à la création d'un parcours à travers le corridor
fluvial si proche :
"mais pour satisfaire à toutes les curiosités, le caractère
impénétrable de cette dernière (l'île de Madagascar, ndlr), devra être
atténué, d'où une sélection, un choix d'arbres à envisager" (Hubert et al.,
1994 : 57).
Sur Pouilly, le projet s'attachera à mettre en valeur une berge
trop "molle" en renforçant son ancrage au rivage par un ponton, en
réactivant une pratique de quai et en remettant en état les ouvrages liés au
passé maritime : rampes, escaliers, etc... A
Mesves, c'est un cheminement
discret, entretenu par fauchage afin de dissuader les décharges sauvages,
qui est recommandé le long du ruisseau du Mazou, vide essentiel à
maintenir dans la traversée de l'urbanisation. Entre
La Charité et La
Marche,
la pression de l'habitat individuel le long de la Loire sur le coteau
sensible, invite à recommander une densification plutôt qu'une extension
aléatoire du tissu actuel, afin de maintenir, entre le fleuve et l'habitat, un
véritable espace public le long de l'eau.
4. La préservation du saltus côtier
Dans le prolongement de La Charité et de La Marche et avec le linéaire de
coteaux reliant
Fourchambault à Marzy, on retrouve le problème général
de la sauvegarde du
saltus des coteaux dominant la Loire. Il se posait déjà
sur
Mesves : "la présence d'un coteau sensible sur la Loire conditionne
Alain Mazas, Paysagiste DPLG – Typologie paysagère de la vallée de la Loire – DIREN Centre
l'implantation d'une urbanisation en devenir. Il semble indispensable de
maintenir la lisière urbaine de façon stricte afin de préserver la rupture de
pente du coteau déjà matérialisée par des parcelles de vignes (Hubert et al.,
1994, 75).
Sur Marzy, il se pose ici de façon plus aiguë, les vues sur l'espace
grandiose du Bec d'Allier y ayant déjà provoqué un mitage regretté par
beaucoup.
On n'oubliera donc pas qu'en Loire, les villes-ponts et les petits ports sont
les seules exceptions à la règle du maintien des coteaux dans leur état
naturel. Et ce d'autant plus que les coteaux du Nivernais sont rythmés par
de nombreuses implantations urbaines remarquables qui peuvent être
développées dans le respect de leur modèle originel, à condition que ce soit
le résultat d'une action volontariste au niveau des documents
d'urbanisme.
5. La protection et la mise en valeur du site du Bec d'Allier
Le site a fait l'objet d'une étude approfondie de DAT Conseils
(Storckensohn, 1996). Nous en reproduisons ci-après les conclusions
dans
la mesure où elles touchent à tous les motifs fondamentaux des paysages
locaux et
vaudraient sur bien d'autres sites ligériens pour leur caractère
exhaustif et précis. On notera, entre autre, l'attention portée au
canal latéral
de la Loire qui suscite un intérêt croissant pour la navigation de plaisance.
LES ENJEUX
Les paysages dans le secteur du Bec d'Allier comportent de forts enjeux
patrimoniaux et touristiques, pour la qualité de vie des habitants, ainsi que
pour l'image de marque de l'agglomération de Nevers et plus largement
des départements du Cher et de la Nièvre.
La Loire et sa plaine alluviale représentent un grand patrimoine naturel à
l'échelle européenne en raison d'une dynamique fluviale encore
relativement "libre" donnant lieu à des milieux humides particulièrement
remarquables ; cet intérêt a par exemple été souligné par la mise en oeuvre
du programme Life Loire Nature, dont un des sites d'intervention est situé
au Bec d'Allier. De plus, les "Pays de Loire" possèdent une forte image
touristique, même si actuellement encore, celle-ci concerne davantage
l'Anjou, la Touraine et l'Orléanais que les pays situés plus en amont.
Ainsi, du fait de leur richesse propre, mais également du fait de leur
appartenance à la vallée de la Loire, les paysages du Bec d'Allier sont un
patrimoine naturel et historique de première importance pour les
départements de la Nièvre et du Cher, ainsi que pour les régions Centre et
Bourgogne. Situés aux portes de Nevers, ils représentent en particulier un
Alain Mazas, Paysagiste DPLG – Typologie paysagère de la vallée de la Loire – DIREN Centre
atout pour l'image de marque de l'agglomération et des villages
environnants, et peuvent contribuer à la qualité de vie de leurs habitants et
à leur attractivité.
QUATRE PRINCIPES D'AMÉNAGEMENT ET DE GESTION
Quatre grands principes pour préserver à long terme et valoriser les
richesses paysagères du secteur du Bec d'Allier sont présentés dans ce
chapitre...
1. Préserver et mettre en valeur les paysages majeurs des plaines alluviales
Vue l'organisation actuelle des espaces dans l'agglomération de Nevers, il
apparaît envisagrable de mettre tout pariculièrement en valeur le
patrimoine naturel et historique encore très dense dans les secteurs sud et
ouest de l'agglomération, et d'y promouvoir des
activités de découverte et
de loisirs
à l'attention des populations locales et des touristes.
Il s'agit des plaines alluviales inondables de la Loire et de l'Allier situées
entre le port de Fourchambault/Cours-les-Barres au nord, le pont de
Nevers à l'est et les limites d'Apremont-sur-Allier/Saincaize-Meauce au
sud. Leur intérêt est prépondérant tant sur les plans
scientifiques et
historiques que pittoresques et artistiques.
Les cours d'eau avec leur cortège
d'îles, gèves, ripisylves... les prairies inondables parcourues de bras morts,
boires, ruisseaux avec leurs petits ponts et leurs rideaux d'arbres... sont des
lieux attractifs pour les visiteurs ; de nombreux
projets de création de
sentiers de découverte
sont élaborés actuellement. Aussi la préservation de
ces paysages, leur entretien, voire la restitution de leurs qualités lorsque
l'opportunité s'en présnete, devra être recherchée. La mise en oeuvre
d'une opération locale "Val de Loire - Val d'Allier" (en cours dans la
Nièvre et à l'atude dans le Cher) manisfeste la volonté locale de concilier
exploitation agricole et préservation de l'environnement dans ces milieux.
D'autres mesures sont également envisagées, afin par exemple de
réintroduire la prairie sur les parcelles en cours de préemption par le
Conseil Général de la Nièvre dans
l'Espace Naturel Sensible du Bec
d'Allier.
Des démarches complémentaires pourraient de plus être étudiées
afin d'apporter un soutien pour la préservation du patrimoine agraire dans
les sites non concernés par les précédentes mesures (
sollicitation du FGER
pour l'ientretien de haies et de ripisylves par exemple
).
Il s'agit également de certains coteaux et espaces agricoles visuellement
solidaires des plaines alluviales. Ces espaces constituent en effet la toile de
fond des milieux d'intérêt majeur, et sont des points hauts à partir desquels
la plaine alluviale peut être découverte. Il est donc souhaitable de favoriser
le maintien d'espaces naturels riches en perspectives vers la Loire et
l'Allier, voire d'y créer quelques sentiers de découverte.
2. Préserver et mettre en valeur le patrimoine bâti en bordure de la plaine
alluviale, qui révèle l'histoire du site
Les petites fermes isolées, les anciens domaines agricoles à cour ouverte ou
fermée, les demeures seigneuriales et les maisons de maître du XIX ème,
les hameaux liés à l'histoire de la navigation sur la Loire et l'Allier
"racontent" l'histoire des communautés locales; ils portent l'identité de ce
secteur de la confluence entre Loire et Allier et participent à son
pittoresque, à sa richesse patrimoniale. Il serait donc souhaitable de les
préserver et de les valoriser, soit pour l'habitat résidentiel et locatif, soit
pour le tourisme (création de meublés, de gîtes ou d'autres formes d'accueil
touristique).
Différentes procédures existent à cette fin, qui pourraient être sollicitées.
Dans le périmètre comportant le patrimoine le plus remarquable proposé
au classement, il s'agira notamment d'étudier les possibilités d'un soutien
technique et financier aux propriétaires privés et aux collectivités locales
qui souhaitent réhabiliter ce patrimoine. En ce qui concerne la gestion des
hameaux (du Bec d'Allier et du Guétin, voire d'Apremont-sur-Allier), il
pourrait être envisagé la mise en oeuvre d'opérations plus globales de
valorisation de l'habitat et de l'urbanisme, notamment dans le cadre de
procédures contractuelles à l'initiative des communes telle que la ZPPAUP
( Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager) ou
que le plan de paysage.
Le Canal Latéral à la Loire représente un autre aspect du patrimoine bâti à
valoriser dans les abords du Bec d'Allier
, avec notamment la présence du
Pont-Canal du Guétin, de la prise d'eau des Lorrains, d'anciens ports,
écluses et maisons éclusières, de digue de rabat dans le cours de la Loire à
Givry, de chemins de halage et de quelques alignements qui
malheureusement ont très ouvent disparu depuis un siècle ou sont peu
mis en valeur. Outre l'intéressant patrimoine technologique et historique
que représentent ces aménagements qui ont accompagné l'industrialisation
du Nivernais et du Berry au XIX ème siècle, on peut souligner son intérêt
croissant pour le tourisme de plaisance, puisque sa fréquentation est passée
de 158 passages de bateaux de plaisance en 1967 à 2100 passages en moyenne
par an depuis 1990. Ainsi, la préservation et la mise en valeur du
patrimoine lié aux canaux apparaît souhaitable ; une réflexion devrait
notamment être engagée en ce qui concerne l'aménagement de haltes
nautiques, afin qu'elles conservent une cohérence de style et qu'elles
s'intègrent harmonieusement au patrimoine existant.
3. Favoriser une démarche de qualité dans les zones urbaines et agricoles
périphériques
Tandis que des mesures de protection et un soutien fort devront être
recherchés pour la préservation des paysages majeurs de la plaine alluviale
et des espaces qui lui sont étroitement associés, il serait souhaitable de
favoriser une gestion de qualité dans les espaces périphériques, qu'ils soient
bâtis ou agricoles.
Ainsi,
la recherche de la qualité et de la cohérence des zones urbaines, la
mise en valeur et l'amélioration des perspectives, etc...
pourraient être
favorisées dans le cadre du POS ou dans le cadre d'autres opérations (par
exemple la réhabilitation de friches industrielles et d'habitat dégradé,
l'insertion paysagère de bâtiments industriels ou d'infrastructures
pourraient être soutenues dans le cadre de l'objectif 2 des aides
européennes, ...)
Ailleurs, des espaces agricoles offent des vues lointaines vers les paysages
majeurs de la plaine alluviale ou en constituent des zones d'approche ; il
serait souhaitable d'y maintenir
une gestion des espaces agricoles intégrant
quelques principes paysagers
(maintien des haies qui existent encore, mise
en valeur du bâti typé des domaines agricoles, intégration paysagère des
hangars agricoles).
4. Promouvoir la découverte du site dans le respect de ses richesses
pysagères spécifiques.
Situé aux portes de Nevers, le secteur du Bec d'Allier représente un espace
de découverte et de loisirs intéressant pour les populations urbaines. De
plus, sa mise en valeur pourrait favoriser l'attractivité touristique des
villages environnants et occasionner des retombées économiques positives
pour les petites activités de commerce et d'accueil locales. Ainsi, un projet
global de valorisation touristique des paysages les plus remarquables du Bec
d'Allier pourrait être élaboré, qui intègre les actions actuellement en cours
et qui les complète.
Il s'agirait notamment de définir les modalités d'entretien des sites
d'intérêt touristique majeur (panorama et hameau du Bec d'Allier, Pont-
Canal du Guétin, village et château d'Apremont-sur-Allier), le tracé de
circuits de découverte (pour le grand public ou pour un public plus
restreint de connaisseurs ; circuits de découverte pédestre, équestre, à vélo ;
point d'information ou de restauration, activités diverses...) Un soin
particulier devrait être apporté aux équipements afin qu'ils s'intègrent aux
milieux naturels et bâtis de la plaine alluviale. Enfin, une promotion
globale du secteur pourrait être envisagée de manière conjointe entre les
secteurs nivernais et berrichon, afin de "raccrocher" davantage le site du
Bec d'Allier aux "Pays de la Loire" qui possèdent d'ores et déjà une image
touristique forte et attractive. (DAT Conseil - Storckensohn, 1996 : 58)
6.Les actions de sensibilisation
Restent les actions à entreprendre pour répondre à la difficulté de prise en
compte par les riverains de l'aspect de temporalité dans les mouvements
du fleuve, particulièrement en ce qui concerne la mémorisation de la
récurrence des catastrophes et la précarité de l'installation de l'homme
dans le Val, ainsi que les conséquences à en tirer (voir Berton,
Paysages et
aménagement des bords de Loire, 3, p.5 ).
On pourra distinguer plusieurs types d'actions de promotion et de
sensibilisation aux paysages ligériens. Certaines d'entre elles ont été testées
dans le cadre du Plan de paysage des cantons de Decize-La Machine (Mazas
et al. 1993 : 61) et mériteraient d'être généralisées sur l'ensemble du cours
du fleuve, au moins auprès de ses riverains.
1. Les actions pédagogiques
1.1. L'école communale
Le Projet d'action éducative pour les paysages des cantons de Decize et de la
Machine, ou
PAE-Paysages, a été une première. Soutenu et financé par la
DIREN Bourgogne, il a mis en place la collaboration entre les communes,
le Ministère de l'Environnement et l'Education Nationale. Il se distingue
par
une approche sensible des phénomènes propres au paysage, l'approche
scientifique étant davantage assurée par les
PAE-environnement déjà en
cours. Il met l'enfant dans les conditions de l'expérience paysagère, faite de
motivations devant les spectacles de son environnement naturel et
humain. Le ressort fondamental de cette expérience est celui de
l'identification avec les protagonistes du paysage : lumière, vent, eau,
arbres, animaux et plantes, maisons et monuments, routes et chemins, etc...
Grâce à cette identification, qui l'amène à peindre et à faire parler ces
protagonistes, l'enfant est progressivement amené à deviner les relations
secrètes qu'ils entretiennent et celles que les hommes ont instaurées avec
eux. La perception de ces relations, la fascination qu'elles engendrent, et
l'attachement qui en résulte, tel est le propre de l'expérience paysagère.
1.2. Les enseignements technique et supérieur
Les PAE-paysages et autres actions pédagogiques du secondaire ainsi que les
opérations d'entretien ou de remise en état des paysages de la vallée
pourraient être suivis par les étudiants de disciplines différentes, y compris
les Arts Plastiques, dans le but de médiatiser leurs résultats.
L'université inclut dans ses programmes des formations spécifiques à
l'environnement. Le paysage y occupe une place de plus en plus grande.
Les Plans de paysages, par leur nouvelle dimension socio-culturelle,
invitent à une mise en perspective de nombreux champs disciplinaires
scientifiques au service des motivations dégagées par les comités de
pilotage.
2. La Formation continue
Elle présente également des possibilités encore trop peu exploitées, en
matière de mise en perspective de savoir-faire acquis avec des

préoccupations spécifiquement paysagères. Dans le cadre du Plan de
paysages de Decize et de la Machine, les Directions départementales de la
NIèvre et de l'Allier ainsi que la DIREN Bourgogne ont programmé pour
l'exercice 1993 deux actions de formation continue :
- Formation à la reconnaissance et à l'analyse des paysages pour les
personnels de la Direction Départementale de l'Equipement de la Nièvre
(Juin-octobre 1993)
- Formation à la reconnaissance et à l'analyse des paysages des enseignants
des écoles communales du Plan de paysage dans le cadre du PAE- paysages
(Avril-Juin 1993)
3. Les actions associatives
On citera àce sujet, et entre autres actions nombreuses, le Projet Life, initié
par le WWF et le Conservatoire bourguignon des espaces naturels, en vue
du réaménagement des sites des anciennes sablières.
4. Les actions de médiatisation
Elles portent sur tous les supports et systèmes d'images qui circulent dans
la vallée, voire à l'extérieur, et témoignent de la valeur de ses paysages :
cartes postales, dépliants publicitaires et affiches, articles de presse et films,
textes littéraires et oeuvres d'art, bref tous documents mettant en relief les
motifs les plus remarquables, parfois mythiques, parfois ignorés ou
méconnus des paysages ligériens.
- Les cartes postales font le tour du monde. Il a été proposé, dans le cadre
du Plan de paysage de Decize-La Machine, des exemples de cartes postales
qui donneraient à admirer, outre les monuments de l'architecture locale,
les monuments naturels monumentaux du fleuve et de son domaine. Une
collection de telles cartes pourrait venir enrichir celles qui existent déjà et il
serait intéressant d'en tester la valeur auprès du public.
- Un film vidéo a également été réalisé sur le périmètre du Plan de paysage
de Decize-La Machine au printemps 1993.
- Les relations avec la presse méritent d'être entretenues, voire prévenues,
dans la relation de tout événement ou projet concernant les actions du
Plan.
INDEX DES COMMUNES
CLASSEES PAR ORDRE D'APPARITION D'AMONT EN AVAL

Sougy-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite
Avril-sur-Loire-58-Nièvre-Rive gauche
Fleury-sur-Loire-58-Nièvre-Rive gauche
Druy-Parigny-58-Nièvre-Rive droite
Béard-58-Nièvre-Rive droite
Luthenay-Uxeloup-58-Nièvre-Rive gauche
Saint-Ouen-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite
Imphy-58-Nièvre-Rive droite
Chevenon-58-Nièvre-Rive gauche
Saint-Eloi-58-Nièvre-Rive droite
Sermoise-sur-Loire-58-Nièvre-Rive gauche
Nevers
Chaluy-58-Nièvre-Rive gauche
Gimouille-58-Nièvre-Rive gauche

Cuffy-18-Cher-Rive gauche
Marzy-58-Nièvre-Rive droite
Fourchambault-58-Nièvre-Rive droite
Cours-les-Barres-18-Cher-Rive gauche
Garchizy-58-Nièvre-Rive droite
Pougues-les-Eaux-58-Nièvre-Rive droite
Marseille-lès-Aubigny-18-Cher-Rive gauche
Germigny-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite
Beffes-18-Cher-Rive gauche
Tronsanges-58-Nièvre-Rive droite
Saint-Léger-le-Petit-18-Cher-Rive gauche
Argenvières-18-Cher-Rive gauche
La Marche-58-Nièvre-Rive droite
La Charité-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite
La Chapelle-Montlinard-18-Cher-Rive gauche
Herry-18-Cher-Rive gauche
Mesves-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite
Pouilly-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite
Couargues-18-Cher-Rive gauche
Tracy-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite
Saint-Bouize-18-Cher-Rive gauche
Thauvenay-18-Cher-Rive gauche
Ménétréol-sous-Sancerre
Sancerre-18-Cher-Rive gauche
Saint-Satur-18-Cher-Rive gauche
Boulleret-18-Cher-Rive gauche
Cosne-cours-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite
Myennes-58-Nièvre-Rive droite
La Celle-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite
Léré-18-Cher-Rive gauche
Sury-prés-Léré-18-Cher-Rive gauche
Belleville-sur-Loire-18-Cher-Rive gauche
Neuvy-sur-Loire-58-Nièvre-Rive droite

Beaulieu-45-Loiret-Rive gauche
Bonny-sur-Loire-45-Loiret-Rive droite
Châtillon-sur-Loire-45-Loiret-Rive gauche
Ourson-sur-Loire-45-Loiret-Rive droite
Saint-Firmin-sur-Loire-45-Loiret-Rive gauche
Briare-45-Loiret-Rive droite
Saint-Brisson-sur-Loire-45-Loiret-Rive gauche


Source : Alain Mazas, Paysagiste DPLG - Typologie paysagère de la vallée de la Loire - DIREN Centre -1999